Préparer sa moisson : anticiper les futurs semis
Avec l’arrivée de l’été, nos yeux sont rivés sur la moisson, mais également sur les opérations post-récolte car la préparation de la culture suivante démarre dans la moissonneuse.
Baptiste Duhamel, agronome chez AgroLeague sur le secteur Centre-Ouest, partage dans ce module des clé techniques pour prévenir le tassement du sol pendant la récolte et anticiper les futurs semis.
Nous détaillerons dans un premier temps les paramètres à prendre en compte pour limiter les dégâts sur la structure du sol. Ensuite, nous passerons en revue les intérêts économiques et agronomiques d’optimiser la gestion des pailles et des menues pailles.
La récolte est un maillon clé de la réussite des futurs semis et du système en général.
Pour ceux qui souhaitent se diriger vers de l'agriculture de conservation des sols, la récolte est la première étape du semis direct.
Il est donc important d'être vigilant au moment de la moisson pour favoriser au mieux l'implantation de la céréale suivante dans la rotation.
Limiter les dégâts sur la structure du sol
La structure d'un sol impacte directement sa productivité.
En effet, un sol qui possède une bonne structure offre un meilleur enracinement à la céréale, favorsie l'activité biologique et permet une meilleure efficacité des engrais minéraux et organiques.
Bien comprendre comment s’opère le tassement du sol
Avant de rentrer dans l'optimisation des pratiques durant la moisson, il est important de bien comprendre comment se crée la compaction du sol et comment la prévenir.
Comment le tassement du sol impacte la productivité ?
La pression au sol exercée par les passages de machines dans les champs entraîne un phénomène de tassement, qui correspond à la diminution de ce volume de porosité.
Des expérimentations menées par Arvalis institut du végétal ont montré une corrélation entre le tassement mécanique et le rendement des cultures.
Ont été constatées des baisses de rendement liées au tassement du sol de l'ordre de 5 à 30% pour toutes les modalités, indépendamment de la culture ou du système (sec ou irrigué).
Comment le mesurer ?
La pression appliquée au sol est fonction du poids sur chaque roue et de la surface de contact du pneu au sol.
L’impact sur le sol est fonction de la contrainte au sol et des caractéristiques du sol (texture, humidité, résistance mécanique).
→ En t'inscrivant à ce module, tu retrouveras la synthèse complète préparée par Baptiste Duhamel sur la mesure du tassement et les éléments essentiels à prendre en compte pour réduire son impact.
Aspect législatif et bon sens paysan
La législation française limite les charges sur la route pour préserver les routes et les ouvrages d’art.
Cependant, aucune législation ne limite le poids des véhicules agricoles dans les champs.
Pourtant, il est considéré que des charges de 7 tonnes par essieu en conditions humides et de 10 tonnes par essieu en conditions sèches sont les charges maximales admissibles pour ne pas créer de conditions.
Cela démontre l'intérêt de prendre des mesures pour protéger le sol et limiter l'impact du tassement sur la productivité du système de cultures.
Comment prévenir le tassement du sol ?
En t'inscrivant à ce module, tu retrouveras le détail des six points clés pour limiter le tassement du sol :
- Contrôler le trafic dans le champ le plus possible ;
- Ne pas remplir la trémie à fond (ni le ravitailleur) ;
- Utiliser impérativement des pneus radiaux (qui répartissent mieux le poids), larges et à basse pression ;
- À partir de 6 mètres de large, peut être envisagé le CTF (« controlled traffic farming » = système de guidage satellite ;
- Le télégonflage pour réduire la pression au sol ;
- Utiliser des couverts végétaux pour maintenir et améliorer la structure.
Laisser ses pailles au champ
Si exporter la paille permet d'éviter certaines difficultés techniques liées à la présence de résidus végétaux sur le sol, la pertinence agronomique de cette pratique dans les exploitations céréalières est discutable.
Découvre dans ce module les bénéfices économiques et agronomiques des pailles de céréales.
Les pailles nourrissent et protègent le sol
Les résidus de culture doivent être considérés comme des éléments clés de la productivité des systèmes agricoles.
Une restitution de matière organique
Il est préférable de laisser la paille au sol, le fait de ne pas exporter limite les tassements et passages de machines au sein des parcelles (andaineur/presse/telescopique/plateau/épandeur).
Voici les ordres de grandeurs des éléments qui composent la paille de blé :
- Azote : 7 g/kg
- Phosphore : 0,7 g/kg
- Potassium : 12 g/kg
- Calcium : 4 g/kg
- Magnésium : 1 g/kg
- Sodium : 0,16 g/kg
- Chlore : 5,4 g/kg
- Soufre : 1 g/kg
- Manganèse : 41 mg/kg
- Zinc : 12 mg/kg
- Cuivre : 4 mg/kg
- Fer : 151 mg/kg
- Sélénium : 0,2 mg/kg
- Cobalt : 0,7 mg/kg
- Molybdène : 1 mg/kg
Les teneurs en humus peuvent varier d’une source à une autre. La valeur humique de la paille est d'environ 165 kg/tonne.
Une protection contre l'érosion
En t'inscrivant à ce module, tu retrouveras dans cette partie une synthèse sur les bénéfices de laisser les pailles au champ en termes de fertilité naturelle.
Les résidus de culture laissés dans le champ protègent le sol contre les effets érosifs de la pluie et du vent.
Laisser les résidus de cultures en surface et implanter des couverts végétaux sont les moyens les plus efficaces pour combattre l’érosion.
On estime qu’un sol couvert par des résidus à hauteur de 20% de la surface (travail de sol superficiel) diminue de moitié l'érosion du sol par rapport à une parcelle nue.
Faciliter le semis à venir
La moissonneuse est le premier élément du processus de gestion des pailles.
Récupérer les menues pailles
Les menues pailles sont les résidus végétaux rejetés par la moissonneuse-batteuse lors du nettoyage du grain pendant la moisson :
- Elles sont composées de morceaux de paille, de l’enveloppe du grain et de graines d’adventices.
- Pour des céréales, on peut compter environ 1 à 2,5 t/ha de menues pailles.
Les différents systèmes de récupération de la menue paille
En t'inscrivant à ce module, découvre les avantages et inconvénients des différents systèmes de récupérateur de menue paille :
- Système intégré au constructeur ;
- Système adaptable type turbine ;
- Système adaptable type caisson ;
La réduction de la pression adventice
Le premier intérêt de cette technique est d’éviter de remettre les graines d’adventices sur le sol et ainsi de limiter cette pression au fil du temps (adventices à port dressé dont les graines ne sont pas déjà disséminées : brome, ray-grass, gaillet).
Tu retrouveras dans cette partie l'analyse de Baptiste Duhamel sur un essai mené par Arvalis institut du végétal entre 2014 et 2018 pour mesurer le lien entre la récupération des menues pailles et la réduction de la pression adventices au fil du temps.
Des perspectives de valorisation intéressantes
En cas d’exportation, les menues pailles constituent un coproduit supplémentaire qui peut être valorisé en élevage ou dans un projet de méthanisation.
Tu retrouveras dans le contenu intégral de la formation des chiffres concrets sur :
- L'intérêt nutritionnel de la menue paille comparée à la paille pour les bovins ;
- La production énergétique en méthanisation liée aux menues pailles
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne