Les couverts végétaux : gestion pratique de l'interculture et de la couverture permanente
Les couverts végétaux possèdent de nombreux avantages agronomiques et économiques pour les exploitations agricoles : les intégrer dans la rotation est une étape clé pour concilier performance économique et environnementale.
Anthony Frison, agronome chez AgroLeague et agriculteur dans le Loiret (45), a préparé cette formation pour t'épauler dans ta réflexion sur la composition, l'implantation et la gestion des couverts végétaux sur ta ferme.
Nous passerons tout d'abord en revue les intérêts des couverts végétaux dans la rotation, avec un focus sur la partie économique. Ensuite, nous détaillerons comment réfléchir la composition et l'implantation pour obtenir un couvert végétal performant adapté au contexte local et aux objectifs fixés. Enfin, nous verrons quelques exemples concrets de modes de gestion selon les pratiques.
S’ils sont rendus obligatoires par la directive nitrates sur une partie de la surface agricole française sous forme de CIPAN (cultures intermédiaires pièges à nitrates), les avantages apportés par les couverts végétaux vont bien plus loin que le captage des reliquats azotés.
Plutôt que de voir les couverts d’interculture comme une contrainte réglementaire, pourquoi ne pas les envisager comme une réelle opportunité de capter l’énergie solaire et de l’injecter dans nos sols sous forme de biomasse végétale et de racines ?
Pourquoi implanter des couverts végétaux ?
Couverture du sol, protection contre l’érosion, gain de matière organique, limitation des pertes d’éléments nutritifs, gestion de l’enherbement, structuration du sol, stockage de carbone, ... passons en revue les intérêts des couverts végétaux.
La restitution d'éléments nutritifs, synonyme de potentielles économies d'engrais
En l'absence de visibilité sur le retour sur investissement potentiel, le coût d’implantation et de gestion d'un couvert végétal (environ 100€/ha) peut être un frein pour certains agriculteurs à la mise en place de cette pratique.
Les quantités d'éléments nutritifs captés par les couverts végétaux et restitués aux cultures dépendent d'une multitude de facteurs : conditions pédoclimatiques, pratiques culturales, mode de destruction et stade végétatif du couvert au moment de sa destruction.
Anthony Frison a mis en place des essais sur sa ferme en 2017 pour chiffrer ces restitutions. Voici trois exemples des quantités d'éléments nutritifs mesurées et potentiellement restituées aux cultures dans les 6 mois suivant la destruction du couvert :
- Radis chinois : NPK 31-6-105 ;
- Tournesol : NPK 17-4-105 ;
- Féverole : NPK 34-8-54.
En t'inscrivant à ce module, tu retrouveras ces résultats d'essais pour te permettre d'appréhender les économies d'engrais potentielles liées aux couverts végétaux.
L'amélioration de la fertilité biologique
Le premier levier pour améliorer le taux de matière organique est la mise en place de couverts végétaux performants (au moins 2 t/ha de biomasse).
La mise en place de couverts végétaux permet de ramener de la matière organique et de maintenir une activité biologique dans le sol : près des 2/3 de la matière organique dans le sol sont dus à la présence de racines vivantes.
Ils sont à l'origine d'une chaîne trophique qui démarre par l'envoi d'exsudats racinaires dans le sol. Ces exsudats nourrissent les mycorhizes, qui rendent les éléments solubles et nourrissent la plante en retour.
L'amélioration de la structure du sol et le gain de réserve utile
Les racines vivantes fournissent du carbone assimilable aux mycorhizes, qui à leur tour leur redonnent des nutriments et de l'eau.
Le résultat est l'amélioration de la stabilité structurale du sol grâce à la production de glomaline ("colle des particules minérales du sol"), une augmentation de la disponibilité des éléments nutritifs et de l’humification.
Le gain de matière organique participe à la création du complexe argilo-humique et à l'amélioration de la structure du sol.
Protection contre l'érosion
Le sol n’est pas une ressource renouvelable à l’échelle humaine : la perte de sol par érosion est 5 à 10 fois supérieure au taux de formation du sol et touche 17% de la SAU française.
Laisser les résidus de cultures en surface et implanter des couverts végétaux sont les moyens les plus efficaces pour lutter contre l’érosion des sols.
Lutter contre les adventices
Le pouvoir couvrant des couverts végétaux permet de concurrencer les adventices pour la lumière.
Un sol couvert peut inhiber les conditions de levée de dormance de certaines adventices et ainsi éviter leur germination.
Comment réfléchir la composition du couvert végétal ?
Après avoir passé en revue les intérêts des couverts végétaux, nous rentrons dans la partie technique : quelles sont les espèces les plus utilisées en couverture végétal d'interculture et comment adapter la composition du mélange aux conditions locale ?
Tour d'horizon des différentes familles de plantes
En t'inscrivant gratuitement à ce module, tu retrouveras dans cette partie un tour d’horizon des avantages et des inconvénients des grandes familles de couverts végétaux les plus utilisées ainsi que des exemples de plantes à intégrer :
- Graminées (poaceae) ;
- Crucifères (brassicaceae) ;
- Légumineuses (fabaceae) ;
- Autres familles : asteraceae, hydrophylae, linaceae, polygonaceae.
Couvert simple V.S mélange d'espèces
Les couverts végétaux peuvent être semés en mono-espèce, en mélanges simples (2-3 espèces) ou en mélanges complexes (>3 espèces, appelés « biomax »).
Dans cette partie, tu découvriras les avantages et inconvénients des couverts mono et multi espèces :
- Pourquoi les mélanges de couverts permettent d’améliorer la résilience du système ?
- Dans quels cas il est plus intéressant d'opter pour un couvert végétal mono-espèce ?
Comment réfléchir le mélange ?
Le choix des espèces qui composent le couvert doit se réfléchir en fonction de la rotation, du matériel disponible, du type de sol, du mode de destruction, du prix des semences et des objectifs fixés.
En t'inscrivant au module, tu trouveras une synthèse des règles de décision ainsi qu'un tableau récapitulatif des densités de semis conseillées pour les différents types de mélange.
Les différents types de couverts végétaux et leur mode de gestion
Interculture longue
Les couverts longs ou couverts d’hiver précèdent une culture de printemps dans la rotation.
En t'inscrivant à ce module, tu retrouveras ici trois exemples concrets de compositions de couverts végétaux :
- Entre un soja et un maïs ;
- Entre deux maïs ;
- Devant un soja.
Interculture courte
Les couverts courts ou estivaux se placent entre 2 céréales d’hiver.
Les conditions sèches après récolte peuvent être un frein à l'implantation de ce type d'interculture, comme ce fut le cas sur une partie du territoire français à l'été 2020.
Retrouve dans ce module les conseils de l'équipe d'agronomes d'AgroLeague pour réussir les couverts estivaux.
Couverture permanente
Un couvert permanent, ou couvert pérenne, reste présent sur la parcelle a minima pour 2 cycles culturaux : généralement entre 18 et 36 mois.
Certains agriculteurs ont promu et montré une belle réussite agro - économique du semis direct sur couverture permanente de légumineuses. C'est le cas par exemple d’Hubert Charpentier, un des pionniers de l'ACS en France, qui pratique le semis direct sur couverts vivants.
Retrouve sur **ce lien** les résultats d'une étude visant à comparer les performances de pratiques conventionnelles et de pratiques d'agriculture de conservation chez Hubert Charpentier.
Cette technique demande cependant une bonne technicité au niveau de la régulation du CVP pour éviter de concurrencer la culture en place et d’impacter son rendement. Une formation AgroLeague est disponible sur cette thématique : sur ce lien.
Tu trouveras également en bonus de cette formation des exemples concrets de gestion des couverts végétaux dans les différents articles proposés.
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne