La quantité et le type de sucres contenu dans la plante influence la sensibilité aux ravageurs
Je suis très content de partager cet article avec vous aujourd’hui. Et pour cause : Depuis la révolution verte, l’agronomie s’est entièrement appuyée sur deux piliers : la chimie et la génétique. Elle a eu tendance à éclipser les autres domaines, que ce soit la physiologie, la biophysique et toutes sciences s’intéressant au fonctionnement des organismes vivants que ce soit la plante cultivée, la microfaune du sol ou les ravageurs aériens.
Le travail de John Kempf consiste à réintroduire ces sciences au cœur de l’agronomie.
Pourquoi ces études sont intéressantes ?
La recherche concernant l’attractivité des cultures pour les ravageurs avance beaucoup. Depuis quelques années, Olivier Husson, chercheur au CIRAD montre que la sensibilité d’une plante à un ravageur ou un pathogène dépend de son niveau redox. Ces recherches n’en sont qu’à leur balbutiement mais semblent prometteuses.
De l’autre côté de l’Atlantique, des chercheurs mettent en évidence qu’il est essentiel d’avoir une photosynthèse optimale pour booster l’immunité de la plante.
Cet article de l’Agronomie et nous n’est certes pas le plus digeste mais n’en reste pas moins essentiel, car il explicite le rôle de la photosynthèse dans l’immunité de la plante. Gardons en tête que l’optimisation de la photosynthèse passe par la nutrition de la plante et donc par la vie du sol.
Nous prendrons ici le cas de certains insectes ravageurs des cultures comme la pyrale ou le puceron.
L’importance du taux de sucre
On se demande souvent pourquoi une parcelle est ravagée par une attaque de pyrale, ou infestée de pucerons alors que la parcelle voisine non. La quantité de sucre et le type de sucres contenus dans les plantes ont une importance majeure. Les études de Harold Willis effectuées sur un grand nombre de plantes et de ravageurs, notamment sur la pyrale du maïs montrent que les insectes sont attirés par des taux de sucres modérés dans la plante. Mais quand le taux de sucre dépasse un certain seuil, les ravageurs évitent les plantes contenant de fortes concentrations de sucre. Ces études ne différencient pas les différents types de sucres contenus dans la plante.
L’exemple de la luzerne et du puceron vert du pois
Une autre étude sur la luzerne montre que les plantes ayant un pH plus acides et contenant un taux de sucre plus élevé à la moyenne sont résistantes aux pucerons verts du pois. La photosynthèse augmente grâce à une nutrition adaptée. Elle (a photosynthèse) permet de produire des sucres simples qui sont polymérisés en composants pectiques et en pentoses (type de sucres). En présence d’un fort taux de ces composés, le puceron vert du pois n’attaque pas la luzerne.
Le rôle des glucosides et mannosides
Une des hypothèses pour expliquer ce comportement des insectes est que les luzernes riches en sucre produisent des molécules composées de sucre et d’alcool (glucosides et mannosides). Ces molécules sont toxiques pour l’insecte. Elles bloquent la digestion des sucres normaux. Cette immunité temporaire s'évanouit quand les taux de sucres contenus dans les tissus et le pH de la plante reviennent à la normale.
La photosynthèse, à la base de l’immunité de la plante
C’est la photosynthèse qui est à la base de la production du sucre et de l’énergie chez la plante. Si la photosynthèse est abondante et efficace, la plante aura plus de facilités pour transformer ces sucres en polysaccharides et molécules complexes aptes à stimuler l’immunité de la plante.
Une partie de ces sucres sera exsudée pendant la nuit pour stimuler la vie du sol.Ces exsudats ont un effet suppressif sur les maladies du sol. Pour améliorer la photosynthèse, la plante doit optimiser sa production de chlorophylle. Pour y arriver, il faut une bonne nutrition en macro et micro nutriments.
En résumé
- Le type de sucre contenu dans la plante a une influence sur les infestation de ravageurs.
- La quantité de sucre est elle aussi importante
- L’amélioration de l'immunité de la plante passe par la photosynthèse
Ce sont des sujets très prometteur pour le futur de l’agriculture mondiale. De nombreuses pistes restent à explorer.
PS :
Il ne faut pas confondre ces études avec celles portant sur l’application de micro-doses de sucre en foliaire pour repousser les attaques de ravageurs. Les micro-doses de sucre en foliaire permettent la reconnaissance de l’hôte (la plante) pour le ravageur.
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