“On colle au plus près de la réalité des besoins de la plante et du potentiel de notre sol” - l'expérience de Fabien Paris avec les analyses de sol et de sève
On termine la première série de l’année sur les outils de pilotage agronomique utilisés pour le suivi technique et agronomique mis en place chez les membres de la League, par le retour d’expérience de Fabien Paris, installé dans l’Allier.
On a vu que les analyses de sol AgroLeague permettent de mesurer les paramètres physico-chimiques généraux du sol (pH, texture du sol, matière organique et ratio MO/ argile), la fertilité biologique du sol (activité biologique, différents types de carbone dans le sol, rapport carbone soluble / azote soluble), la disponibilité de l’azote dans le sol (différents types d’azote par forme et leur disponibilité pour la culture), les macro-éléments (P, K, Mg et Ca) et les oligos-éléments. Combinées à des visites terrain, elles nous permettent d’avoir une compréhension globale du sol. Les analyses de sève, elles, permettent d'effectuer un suivi de la nutrition de la plante durant son cycle de culture. Utilisées en parallèle, ces analyses constituent un outil d’aide à la décision performant, comme dans le cas de Fabien.
Fabien a des terres sableuses irriguées et à faible potentiel. Il voulait optimiser ses coûts de production sur maïs. On a décidé de mettre en place le suivi comprenant 1 analyse de sol et 3 analyses de sève. Dans cet article, on va aborder comment Fabien a intégré cette démarche sur son exploitation, ce que ça a changé dans sa façon de travailler avant de détailler l’itinéraire du suivi.
Fabien, comment est-ce que tu travaillais sur ton exploitation auparavant ?
"Je n’utilisais pas du tout les analyses de sève, ni la pulvérisation d’oligo. J’avais une conduite classique, avec une fertilisation azotée plus importante, plus de tours d’eau.
On suivait les conseils extérieurs, on travaillait sur un rendement théorique et on calculait les unités d’azote par rapport au rendement théorique. On pouvait faire des analyses de sol classiques mais elles ne nous donnaient pas les mêmes indications. On ne regardait que les macro éléments et le CEC (Capacité d’Échange Cationique), sans la bio-disponibilité, ni la respiration du sol. Aucune analyse ne le permettait. Là, ça permet de traiter à la parcelle, en fonction et chaque propriété de la parcelle et à différents stades."
Qu’est-ce qui a changé dans ta façon d’aborder tes cultures ?
"On explique mieux le fonctionnement du sol et les échanges sol/plante. De là découlent la baisse d’intrants et une résilience dans l’irrigation. Ça permet d’avoir une vision différente. On n’est plus sur du systématique et du théorique. On colle au plus près de la réalité, des besoins réels de la plante et de la capacité de notre sol.
Ça nous rend aussi plus curieux, redonne de l’intérêt dans le travail, nous permet d’approfondir nos connaissances et d’être plus près des possibilités que l’on a avec notre contexte (cultures, sols, climat).
On peut mettre plus de résilience dans le système; c’est dans ce sens là que je le fais. C’est pour améliorer 3 piliers : mon confort personnel, l’agronomie et l’économie.
On va le reconduire cette année sur 3 cultures (maïs, blé et luzerne).
Il y a quelque temps, je n’étais pas prêt à aller vers l’infiniment petit dans ma transition. Ça me permet d’y aller un petit peu et me donne des connaissances importantes, de m’ouvrir à de nouveaux possibles. C’est peut être l’infiniment petit qui va nous permettre de continuer notre métier et de l’améliorer, chose que je n’étais pas prêt à entendre il y a quelques années. C’est vraiment ce qui a évolué chez moi. J’ai vu qu’il y avait un réel bénéfice à s’y intéresser et à l’intégrer dans ma façon de travailler."
Itinéraire du suivi de Fabien sur maïs grain
Les membres de La League bénéficient d’un suivi technico-agronomique personnalisé incluant les analyses de sol et de sève AgroLeague sur 3 parcelles par an.
- Analyse de sol effectuée un mois avant le semis
L’analyse nous montre que le sol a une activité biologique moyenne, parce qu’il manque de carbone soluble mais il a cependant une très bonne valorisation des résidus du couvert précédent et plus de 120 unités d’azote disponibles. Fabien prend la décision de réduire l’apport d’azote sur maïs de 30 unités.
- Analyse de sève, à 4 feuilles
À 4 feuilles, on fait une analyse de sève. On remarque des excès de phosphore et d’azote ainsi que des carences en fer, en manganèse, en molybdène, en cuivre et en bore.
Décision avec Fabien de faire une application foliaire pour un total de moins de 20€/ha. Une bande témoin représentative n’est pas traitée.
- Analyses de sève, à 8 feuilles et après floraison du maïs
A 8 feuilles puis après floraison du maïs, 2 analyses de sève sont effectuées. Le maïs est équilibré, l’efficience de l’azote est au top, on aurait encore pu réduire notre apport d’azote de 20 unités. L'apport d'oligo précédent a permis de réduire l'irrigation car le maïs était plus développé et plus sain donc avec, a priori, plus de photosynthèse.
Résultats
92 q/ha aux normes, 80 q/ha sur la partie témoin soit 12 q/ha de différence, tout en ayant réduit l’apport d’azote.
Conclusion
Au cours de ces 3 dernières semaines sur L’Agronomie & Nous, on a pu détailler les outils à disposition pour aider au pilotage agronomique. Ces résultats chez Fabien Paris nous encouragent à généraliser leur utilisation.
--------------------------------------------
Tu veux en savoir plus sur AgroLeague et comment nous pourrions travailler ensemble sur les problématiques de ta ferme ? Inscris-toi ici et nous te rappellerons pour discuter.
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne