Problématique chardons des champs sur la ferme : comment en venir à bout ?
Le chardon des champs (Cirsium arvense) est une vivace coriace. La lutte contre cette adventice doit être globale et impliquer plusieurs des différents leviers listés ici.
Nous nous intéresserons dans un premier temps à la bio indication de cette adventice pour mieux comprendre ses facteurs de levée de dormance, puis nous aborderons les moyens de lutte existants.
La bio-indication du chardon des champs selon les travaux réalisés par Gérard Ducerf
Un **bio-indicateur** est un indicateur constitué par une espèce végétale, animale, fongique (ou un groupement d’espèces) dont la présence renseigne sur certaines caractéristiques physico-chimiques, pédoclimatiques et biologiques de l'environnement où il se trouve ou sur l'incidence de certaines pratiques.
Le chardon des champs indique un ou plusieurs des facteurs suivants :
- Problème de structure de sol : manque de porosité et d'échanges d'air dans le sol entraînant des anaérobioses. Le chardon lève pour restructurer un sol compacté et aller puiser en profondeur le calcium, nitrate et soufre lessivés grâce à son système racinaire puissant ;
- Problème de bases non solubles (Ca, Mg, K) ;
- Présence de matière organique avec une forte proportion azotée, soit un rapport C/N bas ;
- Mauvaise structure et/ou compaction entraînant des rétrogradations des nitrates, monoxyde d'azote et toxicité aluminique due à la dissociation du complexe argilo-humique ;
- Activité biologique bloquée ou faible avec une minéralisation difficile ou de courte durée ;
- Signe de pollution chimique (Al3+, NO2, excès de phosphate).
Une plante seule n’est pas suffisante pour réaliser un diagnostic de bio-indication avec la méthode Ducerf. Il faut regarder le nombre de plantes au m2, mais également a bio-indication des autres espèces présentes sur la parcelle pour affiner le diagnostic.
Une analyse de sol dans la parcelle la plus problématique est un gros plus pour mettre en évidence ce que l'œil ne peut pas voir en terme de dysfonctionnements (ratio MO/Argile, activité biologique, carences ou excès en minéraux).
Les différents moyens de lutte existants
- La lutte mécanique : une technique de gestion possible est le travail de sol répétitif à profondeur croissante de 5 à 15 cm avec un outil à dents équipés d’ailettes (type pattes d’oie) pour scalper toute la surface. L'idée est d’épuiser cette vivace en provoquant des levées que l’on détruit mécaniquement, tout en remontant les rhizomes à la surface. Il faut viser deux, voire trois destructions, à chaque fois au stade 6-8 feuilles ou avant floraison quand les réserves au niveau des racines sont les plus faibles. ⚠️ Point de vigilance : pratiqué à un mauvais stade végétatif du chardon, le travail du sol peut être contre-productif. Le chardon va lever la dormance des bourgeons végétatifs au niveau racinaire et se multiplier.
- La lutte via la rotation : implanter une luzerne pendant trois ans pour étouffer et épuiser le chardon via les fauches successives et la restructuration du sol en profondeur. Les systèmes racinaires du chardon et de la luzerne étant similaires, la restructuration du sol s’effectue plus vite. Le chardon tend à disparaître ainsi, ne trouvant pas des conditions favorables à sa pousse.
- Lutte chimique : elle est également efficace mais doit se raisonner sur plusieurs années. C'est elle qui donnera le plus de satisfaction après plusieurs années de maîtrise du chardon. ⚠️ Tout échec une année permet au chardon de refaire des réserves. ⚠️
- Le glyphosate : à appliquer en interculture. Il s’agit de la matière active apportant le plus d’efficacité à moyen et long terme. Pour un maximum d’efficacité, l’application doit être réalisée proche du stade floraison du chardon pour profiter de la systémie descendante et avoir un maximum de matière active qui va « taper le rhizome ». Pour cela, on recommande d’appliquer la pleine dose de matière active bien adjuvantée.
- Sur céréales : le clopyralid apporte les meilleures efficacités. Dans une moindre mesure, le metsulfuron apporte de l'efficacité mais, en application printanière, peut compromettre l'implantation d'un colza ou du couvert qui suivra à cause de la forte rémanence.
- Sur colza : le clopyralid est également homologué mais n’est pas sélectif des plantes compagnes et la période d’application ne correspond pas vraiment avec l’émergence des chardons (février - mars).
- Sur betterave : là aussi, le clopyralid donnera satisfaction. Il peut être intéressant de le scinder en deux applications pour contrôler les levées échelonnées.
En combinant les différents leviers cités, il est possible d'en venir à bout en quelques années.
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