Un système de nichoirs à rapaces performant - le retour d'expérience de Claude Henricot
La gestion des campagnols dans le blé 2022, ça commence maintenant ! On voulait vous partager l’expérience de Claude, membre AgroLeague installé en Belgique, qui a mis en place un système de nichoirs à rapaces super performant. C'est le moment d’installer nichoirs et perchoirs en vue de la prochaine campagne.
« J’ai commencé à m’inquiéter de ça avec les cultures de colzas associés qui ont entrainé l’apparition de campagnols. Du coup, j’ai commencé à installer des perchoirs pour maintenir les faucons chez nous.
Les faucons ne restent que s’ils ont continuellement à manger. J’ai deux grands blocs de cultures et un petit isolé dans une campagne où tout le monde laboure. Là-bas les nichoirs ne sont pas colonisés car il n’y a pas de nourriture. Là où j’ai de l’agroforesterie, les faucons restent car il y a de la nourriture tout le temps; on y trouve un bon équilibre. Il faut savoir qu’une couvée de faucons peut consommer 3000 mulots sur 2 mois.
La clé, c’est qu’ils aient toujours une zone enherbée pour avoir de la nourriture quand les céréales sont hautes car sinon ils ne trouvent pas facilement de quoi se nourrir. L’hiver, je les aide en tondant un peu près des haies. Il n’est jamais trop tard pour le faire et anticiper; on peut installer les perchoirs maintenant, c’est encore possible.
Il ne faut pas se focaliser sur une seule espèce de rapaces. C’est important de connaitre les habitudes de chacune pour mettre les nichoirs au bon endroit, et multiplier les différents types de nichoirs pour les différentes espèces. Certaines espèces n’ont plus assez de cavités pour nicher; on peut les aider. Par exemple, les crécerelles, qui sont les plus efficaces, n’ont plus de lieux de nidification. Chaque espèce et couvée a aussi un territoire. Il ne faut pas hésiter à se rapprocher d’un institut ornithologique pour bien placer ses nichoirs et respecter les distances et les territoires des espèces. C’est l’ensemble de tous ces rapaces qui fait l’efficacité du système.
Il faut positionner des nichoirs pour qu’ils s’installent. Les nichoirs doivent toujours être près d’arbres, jamais en plein milieu d’un champ vide. Et il faut aussi des perchoirs à proximité. Les faucons ne restent pas dans les nichoirs. Ils se mettent à distance pour les surveiller. Ils arrivent maintenant pour s’installer et après ils nidifient. Par exemple, j’ai planté des haies. J’ai des nichoirs chouettes chevêches dedans qui prennent des campagnols et souris. J’ai mis des nichoirs à chouettes effraie près des bâtiments de fermes. Dans les bois au milieu de la campagne, on a des hiboux moyens et des grands ducs. Je ne mets jamais mes perchoirs en bordure de chemin. Il faut es mettre au moins à 100 m. Je marque les limites de parcelles et les limites pour les pulvés pour qu’ils ne me gênent pas.
Il est important d’avoir des couverts, des bandes enherbées et des zones de refuge pour les campagnols sinon il n’y pas de nourriture pour les rapaces et ils s’en vont. C’est important d’assurer de la nourriture. Quand je sème, je laisse volontairement des bandes où je ne sème pas; pour que les rapaces aient aussi des endroits où ils peuvent capter les rongeurs. Après la récolte du colza, j’ai du trèfle. Je passe avec une vanneuse pour casser toutes les cannes de colza qui sont des freins à l’atterrissage des rapaces. Je les casse systématiquement pour qu’ils puissent travailler directement.
J’ai mis en place ce système depuis plus de 5 ans; je pars d’un stade où les problèmes ont commencé avec le semis direct; si tu as déjà amorcé le système pour les rapaces restent chez toi, ça aide beaucoup.
J’ai reçu le prix Baillet-Latour pour le travail que l’on fait sur la ferme pour la préservation de l’habitat des oiseaux. Les gens sont très attentifs à ce que nous faisons pour la nature. On est à proximité de zones urbanisées et dans notre village, les gens viennent chez nous car ils savent que je suis proche de la nature. Et pour l’image de l’agriculture, c’est aussi important de faire ce genre d’actions. »
Claude Henricot, membre AgroLeague installé en Belgique
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne