Favoriser les mycorhizes est le meilleur moyen de produire de l’humus stable
Cette semaine nous nous intéressons à 3 articles de Christine Jones. Chercheuse australienne qui s’intéresse à la production d’humus stable par la voie du carbone liquide. Ces articles ont été publiés dans le Australian Farm Journal, le Soil Science Society of America et le blog Amazing Carbon.
Épandre du compost n’a pas le même effet sur la production d’humus qu’avoir un couvert vivant et des racines développées, comme c’est le cas d’une prairie permanente. Pourquoi ?
Lignine et humus, deux matières carbonées stables.
- La création de lignine (bois) est un processus où la plante va assembler des produits carbonés simples pour créer une molécule stable.
- L’humification est un processus ou des sucres simples exsudés par les racines sont transformés par l’activité biologique du sol en molécules complexes et stables.
L’humification sollicite notamment les réseaux mycorhiziens et les bactéries fixatrices d’azote qui en échange de leur symbiose avec la plante reçoivent du carbone issu de la photosynthèse réalisée par la plante. Ce carbone sous forme de sucres simples est appelé “carbone liquide”
Le processus d’humification et de création de bois se ressemblent beaucoup. Alors comment se fait-il que les arbres produisent toujours du bois mais que les sols agricoles ne produisent plus d’humus ?
C’est très simple, les arbres ont toujours des racines vivantes dans le sol, et des feuilles qui font la photosynthèse.Les sols agricoles sont bien souvent nus et privés de racines vivantes et de photosynthèse.
Or la production de carbone stable est un processus en 4 étapes qui commence par la photosynthèse et finit par la production d’humus ou de lignine.
Les populations de champignons décomposeurs et les mycorhizes.
Les populations de champignons qui survivent en agriculture conventionnelle sont les populations de champignons décomposeurs. Ils dégradent les résidus de culture. Ces champignons forment des réseaux fongiques peu développés.
Les mycorhizes se nourrissent de carbone liquide soluble, directement transmis par la plante vivante en échange de l’aider à absorber l’eau, le phosphore, l’azote et le zinc. L’absorption de zinc est par exemple 50% plus efficace chez une plante mycorhizée que chez une plante non mycorhizée.
Les mycorhizes permettent aussi de connecter les plantes entre elles et de transférer les nutriments entre les plantes et entre les espèces. Les mycorhizes forment des longs filaments autours des racines et peuvent s’étendre sur plusieurs hectares.
L’importance des mycorhizes dans le processus d’humification.
Dans des conditions favorables, les plantes transfèrent du carbone liquide aux réseaux mycorhiziens qui est associé avec des minéraux et de l’azote pour former des agrégats complexes. Ces complexes organo-minéraux forment une matière organique stable. C’est tout simplement du carbone “humifié”.
Contrairement au carbone dit “labile” qui vient de la dégradation de la matière organique, le carbone humifié est capable de rester intact dans le sol plusieurs centaines d’années.
Dans de bonnes conditions, 30 à 40% du carbone photo-synthétisé peut être transféré dans le sol et humifié rapidement, soit entre 5 et 20 tonnes de CO2 stocké par hectare et par an.
Une partie du humus stable est produit par les mycorhizes sous forme de glomaline, une molécule responsable de la stabilité des agrégats et qui est capable de retenir 20 fois son volume en eau. Les réseaux mycorhiziens sont donc indispensables à la structuration et à la stabilité du sol.
Comme nous le savons, le développement des mycorhizes susceptibles d'humifier le carbone sera favorisé par une couverture permanente et vivante du sol, ainsi que par du pâturage à haute densité sur des courtes durées.
En résumé
- Les résidus de culture et matière organique mortes ne sont pas le moyen le plus simple de produire de l’humus stable
- Les mycorhizes reçoivent du carbone
- Pour favoriser les mycorhizes il faut optimiser la photosynthèse et la présence de racines vivantes.
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