Quatre clés de réflexion pour stimuler l'activité biologique du sol
Avec une pression de plus en plus forte pour diminuer les intrants chimiques sur les cultures, beaucoup d’agriculteurs optent pour des pratiques visant à favoriser la fertilité naturelle de leurs sol.
Avoir une bonne activité microbienne est essentielle pour le maintient de la fertilité et de la structure des sols. Voici quatre clés de réflexion pour stimuler l’activité biologique de ses sols.
1 - Broyer les couverts verts avant floraison
Plus le couvert végétal est jeune et plus il est concentré en éléments solubles : sucres issus de la photosynthèse, acides aminés, éléments minéraux, etc. À l’inverse, plus le couvert est à un stade avancé, plus son taux de lignine augmente.
Broyer un couvert avant floraison permet donc de restituer au sol une matière organique dite labile : des éléments avec un rapport C/N faible et un temps de dégradation rapide (quelques jours à quelques mois).
Le carbone labile est le carburant du sol, il sert d'énergie aux micro-organismes. Ce carbone labile offre une très bonne efficience de conversion en humus stable par une meilleure activité biologique des sols.
L’humus quant à lui a un temps de dégradation très lent. Il un rôle plus stabilisateur pour les sols par des protections chimiques et physiques. À elle seule, la matière organique stable ne suffit pas à structurer le sol. Elle doit s'accompagner d'une activité biologique intense, rendue possible par de bons taux de carbone labile.
2 - Utiliser des plantes en C4
Les plantes avec un mécanisme en C4 (ex : maïs ou sorgho) sont différentes des plantes en C3 (ex : blé ou betterave) par leur mode de fixation du dioxyde de carbone pendant la photosynthèse. Celui-ci permet à ces plantes d’assimiler l’ensemble du CO2 atmosphérique interne du végétal et d’obtenir un rendement photosynthétique supérieur à celui des plantes en C3.
Ces plantes captent plus de carbone et produisent plus d'exsudats racinaires que leurs homologues en C3. Les exsudats racinaires sont des molécules solubles riches en carbone telles que des sucres simples, des acides aminés, des acides organiques ou encore des enzymes émises par les racines dans la rhizosphère.
Ils sont rapidement assimilés par les micro organismes du sol et constituent une source d’énergie pour le processus d’humification. Selon Sébastien Fontaine, directeur de recherche à l’Inrae de Clermont-Ferrand, “ces exsudats seraient acteurs à plus de 80 % dans cette stimulation”.
3 - Incorporer des EM pour ensemencer la parcelle
Les EM (« effective micro-organisms » en anglais = micro-organismes efficaces) sont des mélanges de micro-organismes communs à prédominance anaérobie dans un substrat de support liquide riche en glucides (combinaison d’environ 80 micro-organismes : bactéries lactiques, bactéries photosynthétiques, levures, actinomycètes).
Ils sont capables d’influencer positivement la décomposition de la matière organique pour stimuler l’activité biologique du sol.
Il est possible de les multiplier en 15 min de travail, le reste du processus se fait tout seul et dure 1 à 2 semaines. Voici la recette pour les multiplier :
- Matériel : une cuve de 1000 L avec des résistances pour chauffer l'eau (ex : résistance d'aquarium 300 W pour 500 L).
- Ingrédients :
- 1 L d'inoculant EM ;
- 30 L de mélasse de canne à sucre de préférence (nourriture des micro-organisme) ;
- 970 L d'eau non chlorée ;
- 3 kg de sel de Guérande.
- Processus :
- Dans une cuve de 1000l monter l'eau à une température de 30-34°C (maintenir cette température durant le processus de fabrication ;
- Incorporer les EM, la mélasse et le sel dans la cuve ;
- Bien fermer étanche la cuve et installer un mécanisme d'évacuation d'air ;
- Laisser fermenter pendant 7 à 10 jours : La fermentation est fini quand le pH atteint 3,5.
- Conservation : 6 à 12 mois à température ambiante et à l'abri du soleil.
4 - Utiliser de l’extrait fermenté de luzerne
Les extraits fermentés ou macérations de plantes sont des produits naturels issus d’un processus de fermentation. Leurs principaux objectifs : stimuler la vie du sol et fournir une alternative pour la protection contre les maladies fongiques. Leur avantage par rapport à la chimie : leur coût réduit (lorsqu’elles sont fabriquées de manière artisanale).
La luzerne a une conductivité élevée et est riche en azote et en acides aminés. L’extrait fermenté de luzerne a pour effet de relancer la vie microbienne du sol et d’accélérer la décomposition des résidus de culture.
Pour que cela fonctionne sur la vie microbienne, il faut l'appliquer sur un sol avec une température supérieure à 12°C. Ce produit est particulièrement recommandé pour les sols dégradés (implantation de blé de betterave par exemple) à une dose de 10 L/ha.
Le sol doit doit conserver un ratio équilibré entre la matière organique stable et les éléments solubles. Il est important d’apprécier la stratégie dans son ensemble et de réfléchir le type de micro-organisme à favoriser : bactéries, champignons ou les deux.
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