La fertilisation des principales cultures de printemps
La fertilisation du maïs
Les besoins azotés du maïs
Les besoins en azote varient selon le type de maïs :
- Besoins du maïs grain :
- 2,3 UN/q si le rendement visé est inférieur à 100 q/ha ;
- 2,2 UN/q si le rendement visé est compris entre 100 et 120 q/ha ;
- 2,1 UN/q si le rendement visé est supérieur à 120 q/ha.
- Besoins du maïs ensilage :
- 14 UN/tMS si le rendement visé est inférieur à 14 tMS/ha ;
- 12-13 UN/tMS si le rendement visé est supérieur à 14 tMS/ha.
Fractionner les apports
Un fractionnement des apports peut être considéré pour aligner les fournitures d’azote avec les besoins de la plante.
La courbe ci-dessous est une représentation schématique des besoins azotés du maïs en fonction de la somme de températures depuis le semis.
On observe que :
→ Faibles au démarrage, les besoins décollent à partir du stade 10 feuilles.
→ Il n’est pas nécessaire d’apporter la majorité de l’azote à la levée.
→ Si l’azote est apporté en majorité à la levée, mieux vaut utiliser un type d’azote qui minéralise lentement (dans ce cas ⚠️ au risque de brûlure).
Une pratique commune chez les maïsiculteurs consiste à apporter aux alentours de 40 uN/ha au semis.
Selon Arvalis - institut du végétal :
→ Cet apport est jugé inutile si les reliquats azotés sont supérieurs à 60 uN/ha.
→ La valeur des reliquats doit être ajustée par la valeur de lixiviation du nitrate lié à la pluviométrie (voir partie précédente de ce module).
L’intérêt d’apporter un engrais starter phosphaté
Des essais d’Arvalis ont montré l’intérêt d’un apport d’engrais starter phosphaté.
Le graphique ci-dessous est issu de la synthèse des expérimentations de 2014-2015 d’Arvalis sur la performance des engrais starter sur maïs. Deux modalités ont été mises à l’essai : phosphore localisé et phosphore en plein.
Les rendements des deux modalités ont été mesurés puis le rendement avec du phosphore en plein a été soustrait de celui avec du phosphore en localisé :
- Si cette valeur est inférieure à 0 : la localisation de P a eu un effet négatif sur le rendement ;
- Si cette valeur est égale à 0 : pas de différence n’a été constatée ;
- Si cette valeur est supérieure à 0 : la localisation de P a eu un effet bénéfique sur le rendement.
Exemple : si l’on a obtenu 105 q/ha avec le P en localisé et 100 q/ha avec le P en plein, on peut dire que l’augmentation de rendement a été de +5 q/ha avec le P localisé vis-à-vis du P en plein.
→ Au global, on observe un effet bénéfique de la localisation du P quand les taux de P des sols sont inférieurs à 100 mg P2O5 Olsen/kg.
Types d’apports
La forme d’azote à apporter fait également partie intégrante de la réflexion.
- Ammonitrate : forme azotée privilégiée précocement car les nitrates sont rapidement assimilés. ⚠️ En cas d’apport tardif, attention aux brûlures sur les feuilles.
- Urée : la transformation de l’urée en ammonium passe par une étape où l’azote est sous forme ammoniacale et donc sensible à la volatilisation. Pour éviter les pertes, un enfouissement mécanique est nécessaire ou une pluie de plus de 15 mm après l’apport.
- Solution 39 : peut causer des risques de brûlure quand elle est apportée en plein. Des tubes de descente permettent de la faire tomber directement au sol. Cette forme d’azote nécessite également des conditions pluvieuses rapidement après l’apport.
Les besoins du maïs en oligo-éléments
La photosynthèse d’une plante peut être augmentée si la plante dispose de tous les co-facteurs d’enzymes dont elle a besoin (oligo éléments).
Avec les membres de la League, nous utilisons les analyses de sève comme outils de pilotage agronomique afin de prévenir et de corriger les déséquilibres nutritifs avant d’observer les premiers symptômes.
→ Sur maïs, trois analyses sont réalisées à l’échelle d’une campagne : au stade 2-3 feuilles, au stade 6 feuilles et au stade 8-10 feuilles.
L’interprétation des analyses de sève permet de proposer des mélanges d’oligo-éléments correspondant à l’état nutritionnel des cultures. Ces apports, à appliquer par voie foliaire notamment, ont pour objectif de compenser ces déficits afin de gagner en rendement et d’obtenir des cultures plus saines.
Avec plusieurs centaines d'analyses de sève interprétées sur maïs en 2021, les agronomes de l'équipe d’AgroLeague ont remarqué une tendance particulière de carences en zinc, manganèse, magnésium cuivre et soufre.
La fertilisation du tournesol
Fertilisation au semis ou en végétation ?
La courbe ci-dessous est une représentation schématique des besoins azotés du tournesol en fonction du temps après le semis.
On observe que :
→ Le gros des besoins du tournesol subviennent au bout de 50 jours après le semis.
→ Deux options existent :
- Apporter l’azote au semis ;
- Suivre la courbe des besoins.
Des excès d’azote défavorables
En plus de la perte économique lié aux pertes d’azote, les excès d’azote ont des impacts négatifs sur le tournesol :
- Ils favorisent le développement des maladies ;
- Ils retardent la maturité ;
- Ils abaissent la teneur en huile des graines d'un demi-point pour 50 kg N/ha en trop.
→ Il est donc recommandé de faire particulièrement attention à cet aspect lorsque l’on réfléchit les doses et les dates d’apport.
Fertilisation en végétation : la méthode HELIOTEST
La méthode Heliotest, développé par l’institut technique Terres Inovia, permet de déclencher l’apport d’azote lorsque le tournesol en a besoin.
→ Cette méthode consiste à mettre l’équivalent de 60 uN/ha au semis sur une bande de la parcelle.
→ L’intervention est déclenchée lorsqu’une différence visuelle apparaît, la dose est adaptée selon le stade d’apparition de la carence (nombre de feuilles) et l’objectif de rendement.
En prenant l’exemple d’une apparition visuelle des symptômes de carence en azote au stade 7-8 feuille avec d’un objectif de rendement de 30 q/ha, l’apport selon cette méthode serait de 40 uN/ha.
⚠️ Nous recommandons de tester à petite échelle avant de généraliser la méthode à l’ensemble de la surface de tournesol sur la ferme.
Les besoins du tournesol en oligo-éléments
Le tournesol craint surtout les carences en bore
Ci-dessous la courbe des besoins du tournesol en bore en fonction du nombre de jours après la levée.
→ On observe que le gros des besoins subvient entre le stade 10 feuilles et le stade LPT (limite de passage du tracteur - lorsque le tournesol mesure 55 à 60 cm).
Aucune étude n‘a été menée pour comparer l’efficacité de l’absorption foliaire des différentes formes de bore par le tournesol. Néanmoins, il est possible de s’appuyer sur des essais réalisés sur colza par Novalis Terra pour la préconisation sur tournesol.
Les taux de bore mininum et maximum représentent les valeurs seuil de l’intervalle dans lequel la plante est considérée en “bonne santé”.
→ Le témoin est carencé (en dessous du seuil minimum).
→ Les apports ont été faits sous 3 formes :
- Unibore (bore éthanolamine) ;
- Chelal B (bore chélaté) ;
- Octaborate.
→ La forme de bore qui a permis de faire la correction la plus efficace est l’octaborate (forme recommandée pour des apports de bore en foliaire).
La fertilisation du sorgho
Les besoins azotés du sorgho
- Besoins du sorgho grain : 2,4 uN par quintal de grain.
- Besoins du sorgho fourrager : 13 uN par tonne de fourrage.
Fractionner les apports
Un fractionnement des apports peut être considéré pour aligner les fournitures en azote avec les besoins de la plante.
Selon Arvalis - institut du végétal :
→ Si l’apport total est supérieur à 100 uN/ha : 40 à 60 UN peuvent être apportées au semis et le solde au stade 6-8 feuilles.
→ Si l’apport total est inférieur à 100 uN : la totalité de la dose peut être apportée au stade 6-8 feuilles.
Les besoins du sorgho en oligo-éléments
Avec plusieurs centaines d'analyses de sève interprétées sur sorgho en 2021, les agronomes de l'équipe d’AgroLeague ont remarqué une tendance de carences en manganèse, zinc et fer.
La fertilisation du soja
Un besoin d’inoculation pour assurer l’autonomie azotée
Grâce à leur capacité de symbiose avec les bactéries du genre Rhizobium, les légumineuses sont autonomes en azote.
Pour garantir cette autonomie en azote, il est important d’assurer une bonne inoculation de la bactérie qui n’est pas naturellement présente dans les sols français.
Apporter avec la semence :
→ 400 g de tourbe inoculé avec 1 litre d’eau ou de lait.
Ou
→ inoculer des billes de terre au micro granulateur et inoculer 10 kg/ha de granulés.
⚠️ Attention aux conditions de stockage de l’inoculum avant de réaliser l’inoculation : celui-ci est constitué d’organismes vivants sensibles à la lumière et à des températures supérieures à 25°C.
Bien réaliser son inoculation
Quel inoculum choisir ?
Voici un tableau regroupant les différents inoculums et produits commerciaux avec l’avis de Terres Inovia et le contrôle qualité réalisé par l’Inrae.
On peut de cette manière choisir l’inoculum qui sera le mieux adapté aux conditions locales.
Arbre de décision pour déclencher une inoculation (Terres Inovia)
- Si la parcelle n’a jamais accueilli de soja : inoculer.
- Si la parcelle a déjà reçu du soja et qu’elle date de moins de 4 ans : pas besoin d’inoculer (sauf pour les sols calcaire et sableux où il faudra tout de même reprocéder à une inoculation de la semence).
- Si le dernier soja date de plus de 4 ans : inoculer.
- Si la parcelle a reçu du soja récemment mais que l’inoculation a été mal faite : inoculer de nouveau.
Les besoins du soja en oligo-éléments
En ce qui concerne les oligo éléments, le soja craint en particulier les carences en molybdène, en manganèse, en fer et en zinc.
Les graphiques ci-dessous présentent les courbes des besoins en fer, manganèse et zinc du soja en jours après implantation.
→ On voit que le gros des besoins pour ces trois oligo éléments apparaît à partir de 60 jours.
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne