La gestion des couverts végétaux
L’idée est de le semer le plus rapidement après la récolte de la céréale d’hiver afin de profiter de l’humidité résiduelle. Un mélange simple composé de 3 espèces dont une légumineuse peut être recommandé. Dans les zones plus sèches, le plus important est de choisir des espèces plus tolérantes à la sècheresse. Cependant, il est important de toujours garder son bon sens paysan : si les conditions climatiques ne sont pas au rendez-vous et que le sol est sec en profondeur, les chances de réussite à la levée sont compromises. Un couvert végétal mal implanté est un couvert sans intérêt. Dans ce cas, mieux vaut attendre des conditions plus propices et adapter sa stratégie en fonction de la situation.
Le choix d’un mélange doit prendre en compte les conditions pédoclimatiques de la parcelle, la rotation dans laquelle le couvert s’intègre et l’itinéraire technique envisagé.
Les couverts d’interculture longs
Les couverts longs ou couverts d’hiver précèdent une culture de printemps dans la rotation.
Les cultures de printemps comme le tournesol, le maïs, le sorgho, le millet sont des plantes qui nécessitent une certaine température du sol en sortie d’hiver pour avoir une bonne levée.
- Mieux vaut éviter d’avoir un matelas trop pailleux pour favoriser un bon réchauffement du sol (surtout dans les zones Centre/Nord de la France).
- Trop de paille au sol peut entraîner des différences de température de 2 à 6°C et impacter la germination et la levée au printemps.
- Un couvert composé de légumineuses en plus forte proportion et de céréales et/ou crucifères. Les céréales et crucifères bouchent les trous laissés par les légumineuses lors de la levée. Le couvert rapportera du carbone et de l’azote au sol.
Exemple 1 : entre un soja et un maïs
- Objectif : optimiser la fertilité du sol.
- Possibilité : féverole (120 kg/ha) avec avoine pure ou mélange avoine/triticale (10-20 kg/ha).
La légumineuse restituera de l’azote organique et les graminées permettront de développer les mycorhizes dans le sol. La destruction précoce du couvert (un mois avant le semis de maïs) permettra de conserver l’humidité du sol et évitera les faims d’azote potentielles. Avoir une réserve utile optimum est essentiel pour assurer un bon démarrage des cultures de printemps.
Exemple 2 : entre deux maïs
- Implantation : fin octobre
- Possibilité : base féverole (100 kg/ha) - phacélie (5 kg/ha). Il est envisageable de rajouter une céréale dans le mélange (féverole 80 kg/ha - phacélie 3 kg/ha - triticale 30 kg/ha par exemple).
Exemple 3 : devant un soja
- Il est préférable de réduire la dose de légumineuses : couvert mono-espèce ou mélange de céréales avec faible proportion de légumineuses pour éviter d’augmenter le potentiel infectieux du sol.
- Les légumineuses pompent l’azote du sol en début de cycle avant de pouvoir fixer l’azote atmosphérique via leur relation symbiotique avec les rhizobium. Ainsi, avoir de l’azote assimilable dans le sol peut aider au démarrage.
- Entre 2 sojas dans la rotation, peut être envisagé un couvert à dominante de graminées (60-70%) type avoine, seigle ou triticale, 15-20% de légumineuses et le reste de crucifères ou autres en fonction des disponibilités des semences.
Les couverts d’interculture courts
Les couverts courts ou estivaux se placent entre 2 céréales d’hiver.
L’idée est de le semer le plus rapidement après la récolte de la céréale d’hiver afin de profiter de l’humidité résiduelle :
- Un mélange simple composé de 3 espèces dont une légumineuse peut être recommandé. Dans les zones plus sèches, le plus important est de choisir des espèces plus tolérantes à la sécheresse.
- Cependant, il est important de toujours garder son bon sens paysan : si les conditions climatiques ne sont pas au rendez-vous et que le sol est sec en profondeur, les chances de réussite à la levée sont compromises.
- Un couvert mal implanté est un couvert sans intérêt. Dans ce cas, mieux vaut attendre des conditions plus propices et adapter sa stratégie en fonction de la situation. Par exemple, en prévision d’un semis de couvert biomax (>3 espèces) entre 2 céréales après la moisson, mais que les conditions arrivent tardivement (limite à 1,5 mois du semis de la céréale), un couvert simple de sarrasin sera plus efficace sur une courte période.
💡 Le semis à la volée
Une autre technique consiste à semer à la volée son mélange de couverts un mois avant la récolte. L’idée est de pallier à des conditions difficiles, réduire les coûts et gagner du temps, voire dans certains cas aller jusqu’à une double récolte.
- L’idée est d’attendre que les premières feuilles commencent à jaunir et laissent la lumière arriver au sol (1 mois à 1 mois et demi avant récolte).
- La réussite de cette technique dépend des conditions pédo-climatiques (vent faible pendant le semis, humidité régulière après semis) et des types de semences (si le PMG est inférieur à 4, le semis à la volée est impossible).
- Le premier critère est d’avoir un sol qui va être capable accueillir cette pratique : un sol vivant avec une bonne structure.
Entre une céréale d’hiver et un colza, implanter un couvert d’interculture n’est pas judicieux :
- Mieux vaut opter pour l’implantation d’un colza associé avec des plantes compagnes.
- L’idée est d’accompagner le colza dans la première partie de son cycle végétatif afin de profiter des services écosystémiques naturels : fourniture d’azote, contrôle des ravageurs par la perturbation des insectes et l’hébergement d’auxiliaires de culture, gestion des adventices, protection des sols contre l’érosion, amélioration de la structure et de la fertilité des sols.
Pour aller plus loin :
LA GESTION HIVERNALE DES COUVERTS VÉGÉTAUX - PAR JEAN-CLAUDE QUILLET
RÉUSSIR LES SEMIS DES CULTURES DE PRINTEMPS EN SEMIS DIRECT - LES 3 POINTS CLÉS DE BASTIEN LAMOTHE
Les couverts permanents
Un couvert permanent, ou couvert pérenne, reste présent sur la parcelle a minima pour 2 cycles culturaux : généralement entre 18 et 36 mois.
Ces couverts sont le plus souvent composés de légumineuses pour les bénéfices qu’elles apportent en termes d'auto-fertilité.
Cette technique possède plusieurs avantages :
- De par sa présence sur une plus longue période, le couvert permanent a un meilleur impact qu’un couvert d’interculture en termes de structuration, fertilité biologique du sol et concurrence des adventices.
Avec des conditions climatiques de plus en plus sèches dans certaines zones, les couverts semi-permanents constituent une alternative intéressante pour assurer une couverture du sol lorsque les couverts courts font peu de biomasse.
- La couverture vive peut également masquer temporairement « l’effet mono culture ». Elle peut limiter les dépréciations de rendement liées à la monoculture, ce qui n’est pas toujours le cas avec les couverts d’interculture.
Les quatre principales espèces pour la couverture végétale permanente sont la luzerne, le lotier, le sainfoin et le trèfle blanc nain.
- La luzerne se plaît dans les sols calcaires, à pH alcalins (pH>6,5) et non hydromorphes à une densité de semis conseillée de 8 à 10 kg/ha.
- Dans des sols un peu plus acides (de 5,5 à 6,5) et hydromorphes, le lotier corniculé et le sainfoin offrent de bonnes alternatives à des densités de semis respectives de 8-10 kg/ha et 40-50 kg/ha (décortiqué) ou 160 kg/ha avec les cosses.
- Il est possible d’associer plusieurs légumineuses, dans quel cas on divise les doses.
Cette technique demande cependant une bonne régulation du couvert pour éviter la compétition sur la culture pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs. Une formation AgroLeague est disponible sur cette thématique.
2 exemples de stratégies couverture permanente de membres AgroLeague en conventionnel et en agriculture biologique :
UNE STRATÉGIE ROTATION ET COUVERT EN CLIMAT SEC - L’EXPÉRIENCE DE DAVID VINCENT
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne