Réussir le maïs irrigué en agriculture de conservation des sols - le retour d’expérience d’Anthony Frison
La semaine dernière, Jean-Claude Quillet, membre AgroLeague de la première heure en semis direct depuis 25 ans, nous a partagé les 6 clés pour réussir son semis direct sous couvert végétal en cultures de printemps.
Cette semaine, dans L’Agronomie & Nous, on va rentrer dans le détail de l’itinéraire cultural du maïs irrigué en agriculture de conservation des sols. Anthony Frison, agronome chez AgroLeague et agriculteur dans le Loiret, nous donne son retour d’expérience sur 3 leviers : la gestion du couvert, l’implantation et la fertilisation.
1 - La gestion du couverts avant l’implantation du maïs
Comme l’a mentionné Jean-Claude Quillet dans le précédent article, la gestion du couvert doit se réfléchir en fonction des conditions pédoclimatiques locales et de la demande nécessaire en température du sol de la culture envisagée. Le temps entre la destruction du couvert et le semis doit être en accord avec la réserve en eau du sol.
Si le sol est filtrant avec peu de réserve en eau et qu’on a des conditions séchantes au semis, il vaudra mieux favoriser une destruction des couverts un peu plus éloignée du semis afin de ne pas pénaliser les débuts de cycle du maïs vis à vis de l’eau.
Si le sol a beaucoup de réserve (conditions humides, sol riche), la destruction du couvert peut se rapprocher de la date de semis du maïs. Cela est évidemment à mettre en adéquation avec les méthodes de travail du sol.
2 - L’implantation du maïs
Le premier objectif de l’implantation est d’assurer une homogénéité maximale de la levée du maïs. Une étude américaine a montré que pour chaque jour de décalage dans la levée, on pouvait perdre jusqu’à 1% de rendement potentiel. L’homogénéité de levée est une condition essentielle pour le futur rendement.
Le choix de la variété : pour ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier, les semis de différentes variétés sont à conseiller pour avoir des dates de floraison décalées. Cela permet d’étaler les risques de sécheresse et les gros coups de chaud lors de cette période délicate pour le maïs.
Une bonne implantation racinaire va aider la plante à capter plus rapidement les ressources dont elle a besoin. Favoriser ce développement racinaire du maïs au début de son cycle va lui permettre d’avoir les ressources nécessaires et ainsi limiter la concurrence des adventices à cette période. Dans ce cadre, l’enrobage de semences et la fertilisation starter sont des leviers intéressants à implémenter.
La gestion des adventices : le maïs est un culture qui n’apprécie pas la concurrence précoce, particulièrement avant le stade 6 feuilles. Un maïs concurrencé en début de cycle va avoir tendance à faire plus de feuillage pour grimper plus vite et capter la lumière et moins développer son système racinaire. Il est donc important durant cette période de bien contrôler les adventices. Dans des parcelles avec de fortes pressions d’adventices, il peut être recommandé de passer avec un herbicide en pré-levée pour que le maïs prenne le dessus dès le départ si l’on a des conditions humides au moment du semis pour garantir son efficacité. Dans le cas contraire, si le maïs n’est pas concurrencé, continuer avec le programme herbicide classique.
3 - La fertilisation du maïs
Les composantes de rendement d’un maïs (nombre de lignes sur l’épi, nombres de grains sur la ligne) vont essentiellement se jouer avant le stade 8 feuilles. Il faut absolument démarrer dans de bonnes conditions. Il faut que le maïs aille rapidement prospecter d’un point de vue racinaire un maximum de surface et de profondeur. Pour cela, il peut être intéressant d’utiliser l’enrobage de semences et de fertiliser dans la ligne de semis.
Des essais d’enrobage de semences sur maïs ont eu des effets concluants. Cela peut aider tout particulièrement dans des terres « pauvres » (sols sableux par exemple) où la plante a besoin d’avoir un fort bouquet racinaire pour aller chercher des éléments dans le sol.
La fertilisation au semis : c’est une technique qui peut permettre de booster le maïs en début de cycle. En général, on utilise des engrais composés d’azote et de phosphore, en liquide ou en solide. En moyenne, on fait un apport d’une vingtaine d’unités d’azote et d’une cinquantaine de phosphore. On peut l’amener sur la ligne de semis ou en décalé à 5 cm de la ligne en même temps que le semis. Attention à ne pas trop monter la dose car une concentration trop élevée sur la ligne de semis peut entraîner un risque de brûler le germe derrière. Si l’application d’azote est sous forme uréique, l’idéal est de pouvoir l’enfouir puis qu’il y ait une pluie de 10-15 mm après l’apport pour garantir une disponibilité maximale des éléments apportés. À titre personnel, j’apporte mon engrais starter sur la ligne de semis une semaine avant le semis au moment du pré-traçage pour qu’il soit enfoui. J’ai une trémie frontale adaptée pour cette opération.
Ensuite, si le sol est correctement pourvu en matière organique, le maïs va avoir plutôt tendance à utiliser l’azote organique disponible. Quand on produit du maïs irrigué dans des terres sableuses avec peu de matière organique, il y a relativement peu de minéralisation. Dans ce cas, peu d’azote va être relargué par le sol donc c’est moins efficace. Il répondra bien à un fractionnement des apports azotés, avec des passages en bonne condition.
Au niveau des oligo-éléments, le maïs est une culture qui valorise bien les apports de cocktails d’oligo-éléments, surtout en début de cycle. Cela est vrai tout particulièrement pour le besoin en zinc : l’apport en culture de cet élément se fait au stade 2 feuilles maximum. Dans les premiers stades, on peut apporter des oligo et du soufre en foliaire.
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Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne