Témoignage de Jean-Luc
J’ai fait des études scientifiques (maths et technologies mécaniques) dans le but de devenir enseignant, puis j’ai fait un bac pro agriculture en correspondance, j’étais plus intéressé par le rural que l’enseignement alors on peut dire que je suis revenu aux sources.
Je me suis installé le 1er janvier 2001 avec une SAU de 109 ha : tournesol, blé, orge, triticale, féverole, et 40 ha de prairie. J’ai commencé par des bovins allaitants (une soixantaine de vaches) mais maintenant, j’en ai plus sur la ferme.
J’ai d’abord cultivé en système conventionnel : je faisais du labour, je travaillais le sol. Mais j’ai eu un déclic, je me suis renseigné sur le semis direct. Je suis allé voir des intervenants assez connus, comme Sarah Singla, une des figures de l’ACS, mais elle ne pouvait évidemment pas se rendre disponible à 100% pour mon exploitation.
En conventionnel, ce qui m’importunait c’était la chimie : quand j’ai entendu parler de sols, de bactéries, de champignons, et qu’on détruisait tout avec la chimie et le travail du sol, j’ai eu un déclic.
Aujourd’hui, je suis en semis direct sous couverts végétaux depuis 5 ans. D’ailleurs, je suis passé du tout au rien, sans faire de compromis, je suis plutôt “jusqu’au-boutiste”.
Le semis direct, ça a quand même ses avantages : quand on n’a pas de charrues, on consomme quand même beaucoup moins !
Ce qui est bien avec les couverts végétaux, c’est qu’on voit leurs effets à l’œil nu : on constate que la vie du sol s’est densifiée : il suffit de gratter superficiellement le sol et on voit déjà des vers de terre alors peut s’imaginer qu’il y en a plein d’autres.
La nature est plus forte que moi et je lui fais entièrement confiance. Je sais que ce que je vais lui apporter elle va me le rendre !
Je vois donc beaucoup d’améliorations depuis que je suis passé en semis direct : je suis convaincu du système en globalité, notamment sur le non-travail du sol. Je sais qu’il y en a qui ne me comprennent pas : ils trouvent que la prise de risque est trop importante, mais moi je crois en ce que je fais.
AgroLeague ?
Je suis d’abord tombé sur AgroLeague sur Internet, en tapant « Agriculture de Conservation ». Après, j’ai effectué une formation d’enrobage de semences chez Émeric Saboureau (membre AgroLeague). Il m’a parlé de la League, couplée aux infos déjà consultées sur internet, le tour était joué, j’étais bel et bien convaincu !
La différence entre AgroLeague et les autres : c’est qu’avec les autres groupements, ce que je leur disais ça rentrait d’une oreille et sortait aussitôt par l’autre. Alors c’est clair, quand on n’a pas l’aide escompté, on cherche ailleurs.
Avec Agroleague, j’ai commencé à trier mes semences, à faire des mélanges variétaux (en blé), à faire du traitement de semences bio contrôle et biostimulation. J’ai également eu des conseils d’ajduvantations de glyphosate et de désherbages. Actuellement, je recherche des solutions alternatives pour booster l’activité du sol.
Mot de la fin :
Pour moi le système qui est encore issue de l’après-guerre c’est révolu : ça ne peut plus fonctionner.
Il faut prendre le risque de se tourner vers des pratiques qui vont permettre de dégager de la marge et qui vont conserver les apports nutritifs des aliments.
Je trouve aussi que j’ai eu la chance de ne pas avoir fait le cursus classique agricole : quand on va dans une école on apprend des choses qui généralement nous conditionnent pour notre vie professionnelle et ça peut nous empêcher d’en sortir. On peut tomber dans le piège et se dire« Je ne vois pas pourquoi je ferais différemment parce que ça marche comme ça ». Moi ma chance c’est que je me suis fait sur le tas. Je me renseigne sur les améliorations/évolutions possibles, j’aime me forger ma propre opinion. Ce que ça m’apporte concrètement ? une ouverture d’esprit : il n’y a pas qu’une solution, mais toujours plusieurs solutions possibles.
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne