Stéphane | Marne
"Ça fait 25 ans que je travaille. J’ai commencé tôt, à 22 ans, avec 10 ans dans les machines agricoles avant de reprendre l’exploitation familiale. J’ai fait 6 ou 7 structures différentes : constructeurs, concessions, vente, service après-vente, chef d’atelier, etc. Les machines, ça a toujours été mon truc. Il y a 12 ans, mes parents commençaient à regarder pour arrêter. C’est là que je suis revenu sur l’exploitation. C’est une belle structure qui risquait de partir à l’extérieur. La liberté de faire ce que l’on veut, ça me plait bien. Et je n’aime pas la routine. Mon grand-père me disait toujours « j’ai fait 40 ans de métier et je n’ai jamais eu 2 années identiques ». Je travaille seul et parfois avec mon père qui me donne un coup de main. On avait un élevage de moutons que j’ai arrêté il y a 3 ans. Je continue avec 240 ha de céréales.
On est dans une région très productive mais particulière quand on veut lever le pied sur le travail du sol ou les intrants. Aujourd’hui, j’essaye de réduire la partie phyto au maximum. La chimie a beaucoup aidé à faire avancer le système après-guerre mais on arrive au bout dorénavant. Il faut trouver des alternatives. Je m’intéresse à la partie fertilisation notamment par les oligo-éléments. Ma philosophie : tu te lèves avec un bon petit-déjeuner, ta journée va bien se passer. C'est pareil avec l’agriculture.
Je cherchais un groupe qui était capable de me faire évoluer dans mon système mais qui n’était pas fermé. Avec des gens qui n’avaient pas de préjugés, ouverts à tous les systèmes. Ce qui est fait chez l’un ou l’autre n’est pas critiqué. On n'impose rien. En allant trop vite, on peut subir un échec mais l'important, c'est d'échanger. Avec AgroLeague, on a un échange national et c’est hyper enrichissant, on voit d’autres régions. J’avais ça aussi dans le machinisme. On voit des systèmes différents et selon les secteurs, des contraintes différentes. Plus on va voir de gens, plus on apprend de choses. Je vois l’avenir de l’agriculture comme ça : on ouvre l’armoire des techniques et on choisit. Être dans un système unique pourra devenir compliqué. Il y a des techniques qui existent dans différents systèmes, alors pourquoi ne pas les utiliser selon nos besoins ?
Je n'ai pas de mécanicien. Je fais tout moi-même. J'ai auto-construit un semoir l'année dernière. C’est le couteau suisse de l’exploitation (et la fierté de mes parents). Je ne trouvais pas ce que je voulais alors je l'ai fait. C'est une base semoir avec trémie sur chassis à roue avec un attelage 3 points identiques à un tracteur. Derrière, je mets ce que je veux. J’ai construit un strip-till pour mettre un semoir monograine, et aussi une barre de semis céréales et un néo-déchaumeur. J’ai re-transformé du matériel de l’exploitation pour ça. Je n'ai pas de contrainte de voirie, alors ça aide !"
Stéphane, installé dans la Marne
Destruction des couverts et implantation des cultures d'automne